Est de la RDC : Le Rwanda n’est pas seul. L’Ouganda aussi est un agresseur silencieux dans l’ombre, sous le sommeil Congolais(Éditorial)

Éditorial de Michel Kasanga

Il est des silences qui tuent autant que des bombes. Et il est des complaisances politiques qui valent trahison. Tandis que le monde entier braque ses projecteurs sur Kigali, l’Ouganda, dans l’ombre, poursuit une entreprise de déstabilisation méthodique de l’Est de la République démocratique du Congo. Ce n’est plus une rumeur, ni même une hypothèse diplomatique : c’est un fait, documenté, détaillé, exposé noir sur blanc dans le dernier rapport du Groupe d’experts des Nations unies.

Des troupes ougandaises qui foulent le sol congolais sans mandat clair. Des chefs de guerre sous sanctions internationales Thomas Lubanga, Innocent Kaina, Yves Khawa qui recrutent, arment et coordonnent des milices depuis le territoire ougandais. Des convois d’armes, des camps d’entraînement, des réunions de coordination avec les rebelles de l’AFC/M23 à Kampala même.

Et tout cela, pendant que l’armée ougandaise, drapée dans le manteau de la coopération sécuritaire, signe des protocoles d’entente avec Kinshasa.

Voilà l’agression déguisée. Voilà le double jeu cynique de Kampala.

Ce que le Rwanda fait de manière brutale, l’Ouganda le réalise avec ruse. L’un frappe fort et s’expose, l’autre infiltre, manipule, installe ses pions en se couvrant du manteau d’ami. En vérité, ces deux États poursuivent le même dessein : garder la RDC à genoux, morceler son autorité à l’Est, contrôler ses richesses stratégiques, notamment l’or de l’Ituri, qui alimente désormais l’économie ougandaise à coups de milliards de dollars.

Et pendant ce temps-là ? Kinshasa dort. Ou feint de dormir.

On brandit des protocoles d’accord, on reçoit des généraux ougandais à bras ouverts, on se félicite de coopérations militaires pendant que ces mêmes partenaires fomentent l’insécurité, manipulent les conflits communautaires, et instrumentalisent les rebelles. Où est la stratégie congolaise ? Où est la colonne vertébrale diplomatique ? Où est le sursaut national ? Il ne suffit pas de reconnaître, timidement, du bout des lèvres, que « nous sommes conscients du rôle de l’Ouganda ». Il faut agir. Et agir vite.

L’histoire nous rattrape. L’Ouganda n’en est pas à sa première incursion. De 1998 à 2003, il a pillé l’Est congolais et été condamné par la Cour internationale de justice. Aujourd’hui, il recommence mais cette fois, avec la complicité passive de ceux qui, à Kinshasa, devraient défendre l’intégrité territoriale avec vigueur.

La RDC n’a pas besoin d’un protectorat militaire ougandais.
Elle a besoin de partenaires sincères. Et surtout d’un leadership qui ne troque pas la souveraineté nationale contre une illusion de paix. Il est temps d’ouvrir les yeux : l’ennemi ne frappe plus seulement de front. Il avance désormais masqué, habillé en allié, installé dans nos accords bilatéraux.

Face à cette réalité, le mutisme devient complice. Le sommeil devient coupable.

Nous ne pouvons plus au nom d’une prétendue stratégie de temporisation continuer à ignorer les signaux d’alerte. Il ne s’agit plus de diplomatie. Il s’agit de survie. De dignité. De la responsabilité la plus sacrée d’un État : protéger son peuple et son territoire.

Les Congolais ne demandent pas la guerre. Ils réclament la vérité. La clarté. Et surtout, le courage politique d’affronter ceux qui, amis de façade, sont en réalité des fossoyeurs de la paix.

Le Rwanda n’est pas seul. L’Ouganda aussi est un agresseur.

Il est temps que Kinshasa cesse de chuchoter cette vérité.
Il est temps de la crier haut, dans toutes les chancelleries, à toutes les tribunes, dans tous les forums internationaux.
Et surtout, il est temps de se réveiller.

✍️ Par Michel Kasanga
Éditorial de réveil

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