
En écho à la Journée internationale pour l’élimination des violences sexuelles en temps de conflit, l’Assemblée nationale de la RDC a accueilli le mardi un dialogue parlementaire de haut niveau, axé sur la lutte contre ces atrocités, avec un accent particulier sur la justice et la protection des victimes.
Organisé par l’organisation congolaise Afia Mama ASBL, en partenariat avec l’Assemblée nationale et le soutien de l’Ambassade de France, cet échange s’est tenu au Palais du Peuple. Il a rassemblé un large éventail d’acteurs nationaux et internationaux : diplomates, parlementaires, représentants des agences onusiennes, organisations de la société civile, avocats, journalistes et institutions étatiques.
Une note de plaidoyer pour la justice remise au Parlement
Au nom du Président de l’Assemblée nationale, le Professeur Jacques Ndjoli, Rapporteur de la chambre basse du parlement, a réceptionné une note de plaidoyer officielle. Ce document, fruit du travail d’Afia Mama et de ses partenaires, formule des recommandations concrètes pour lutter contre l’impunité, renforcer les dispositifs juridiques, et garantir aux survivantes un accès réel à la justice.
Dans son intervention, le Professeur Ndjoli a salué l’initiative et insisté sur la responsabilité du Parlement dans cette lutte :
« Le Parlement se tient aux côtés des victimes. Nous avons le devoir d’agir, d’adopter des lois plus protectrices et de veiller à leur application. La justice ne doit plus être un mirage pour les survivantes. »
Une mobilisation multisectorielle
La séance a été marquée par la participation d’intervenants de haut niveau, dont les ambassadeurs de France et de Norvège, des représentants de l’Union européenne, de l’Allemagne, de la MONUSCO, de l’UNFPA, d’ONU Femmes, ainsi que des membres du barreau de Kinshasa/Gombe.
Représentant la Ministre du Genre, la Directrice de Cabinet Alda Tuluka a rappelé l’engagement du gouvernement pour la protection des femmes et des filles, appelant à une meilleure coordination entre les institutions.
« Les survivantes demandent des résultats »
La Directrice exécutive d’Afia Mama, Anny Modi, a livré un message fort :
« Les violences sexuelles sont des armes de destruction massive. Elles détruisent les corps, les esprits, les communautés. Les survivantes ne demandent plus seulement de la compassion. Elles demandent de la redevabilité, de la volonté et des résultats. »
Elle a exhorté les parlementaires à initier une législation plus ambitieuse, à renforcer les moyens de la justice, et à faire de cette cause une priorité nationale. Elle a également appelé les médias à adopter une approche plus éthique dans le traitement des récits des victimes.
Un combat de longue haleine
Instaurée en 2015 par l’ONU, la Journée internationale pour l’élimination des violences sexuelles en temps de conflit vise à briser le silence autour d’un fléau utilisé comme arme de guerre dans de nombreux conflits, y compris en RDC. La résolution 1820 du Conseil de sécurité, adoptée en 2008, reconnaît ces violences comme des menaces à la paix et à la sécurité internationales.
Le dialogue de Kinshasa s’inscrit donc dans un processus plus large de mobilisation politique et sociale. Le Parlement congolais, à travers les engagements pris ce jour, a montré sa volonté de traduire les plaidoyers en actes législatifs concrets, dans le but de redonner justice et dignité aux survivantes.
Parlement, société civile et communauté internationale semblent désormais unis dans une même exigence : celle d’une justice qui protège, répare et dissuade.
✍️ Michel Kasanga
Poster un Commentaire